Presse, démocratie et paix – DIAP
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Le Comité norvégien a annoncé à Oslo le 8 octobre que les journalistes Maria Ressa des Philippines et Dmitry Muratov de Russie ont remporté le prix Nobel de la paix 2021 pour leurs efforts en faveur de la liberté d’expression.
Vilson Antonio Romero*
« Un journalisme libre, indépendant et factuel sert à protéger contre les abus de pouvoir, les mensonges et la propagande de guerre. Le Comité Nobel norvégien est convaincu que la liberté d’expression et la liberté d’information contribuent à garantir un public informé », a déclaré l’institution.
En plus d’honorer une catégorie professionnelle qui subit des agressions en tout temps et dans la plupart des pays, le prix sert de réflexion sur le moment critique qui ravage la planète, avec la crise sanitaire fulgurante résultant de la contamination par le coronavirus.
La pandémie a accru la désinformation, la soi-disant «fausses nouvelles», et déni sur les réseaux sociaux, conduisant une partie importante des populations à ignorer les protocoles recommandés par les autorités médicales et à contribuer, avec des comportements irresponsables, au massacre qui a déjà fait près de 5 millions de morts dans le monde, en nombre certainement sous-déclaré.
La presse mondiale, en particulier dans les pays démocratiques, a joué un rôle fondamental dans la diffusion de directives scientifiques sur les dommages et les soins nécessaires pour atténuer les effets de la pandémie.
Pour autant, la liberté de la presse, selon l’ONG RSF (Reporters sans frontières) se heurte à d’innombrables obstacles à sa pleine réalisation, étant totalement inexistante ou subissant de graves blocages dans 73 des 180 pays évalués dans le classement mondial élaboré par l’organisation basée en France. .
En Russie comme aux Philippines, pays où travaillent les lauréats de cette année, la situation de la liberté de la presse est extrêmement critique, les plaçant respectivement aux 150e et 138e positions de ce classement mondial. A titre de comparaison, le Brésil, où les conditions de travail de la presse libre se sont beaucoup dégradées depuis le début du gouvernement actuel, est à la 111e place, dans un environnement clairement toxique pour les professionnels et les médias.
Alors que Maria Ressa dirige Rappler (rappler.com), le média numérique du journalisme d’investigation, Dmitry Muratov est rédacteur en chef du journal indépendant « Novaya Gazeta » (novayagazeta.ru), qui a fait 6 journalistes tués depuis sa création en 1993. Tous deux s’imposent, dans les gouvernements oppresseurs des libertés, comme « des voix critiques contre l’autoritarisme et la désinformation », selon le Comité.
Les inquiétudes sont exacerbées lorsque le CPJ (Comité pour la protection des journalistes) révèle qu’au cours des 30 dernières années, au moins 145 journalistes ont été tués dans les territoires philippins et russes alors qu’ils exerçaient leur profession.
Que le prix Nobel de la paix 2021 soit un nouveau signal d’alarme pour tous les peuples, soulignant, comme l’écrit le Comité norvégien, que « la sauvegarde de la liberté d’expression est une condition de la démocratie et d’une paix durable ».
Presse gratuite, toujours !
Journaliste, conseiller à l’ABI (Association de la presse brésilienne) et directeur de l’ARI (Association de la presse de Riograndense).
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