Saignements libres : les femmes adoptent une technique pour éliminer les menstruations sans tampons – 15/02/2019 – Équilibre et Santé
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Absorbants en duvet ! Un nouveau mouvement en gynécologie naturelle, en faveur des menstruations sans tampon, commence à devenir populaire et à gagner des adeptes dans le monde entier. L’objectif est d’éliminer naturellement le flux menstruel, en conditionnant le corps à retenir le sang pour le libérer dans les toilettes.
Après la tendance des coupes de collection, de nombreuses femmes se tournent désormais vers les saignements libres, appelés saignements libres aux États-Unis, ou flux instinctif libre (FIL) en France. La méthode consiste à conditionner le corps à retenir les menstruations à temps pour les éliminer naturellement. Tout le secret se trouve dans le périnée, le muscle de la région pelvienne, qui peut retenir temporairement le flux jusqu’à ce qu’il soit temps de le relâcher.
La naturopathe française Jessica Spina, spécialisée dans le corps féminin, est l’une des précurseurs de la technique en France. Praticienne du flux instinctif libre (FIL) depuis plusieurs années, elle mène également des recherches auprès d’un groupe d’une trentaine de femmes adeptes de la technique.
Selon elle, la possibilité de rétention de sang est possible grâce à de petites cavités dans le col de l’utérus. « Quand on contracte le vagin, le sang qui devrait sortir du col de l’utérus reste dans ces petites cavités », explique-t-il.
Cependant, le spécialiste précise que la rétention est possible pendant quelques minutes : l’élimination des menstruations doit se faire régulièrement. « Il faut tenir compte du fait que lorsque le sang sort de l’utérus, ce n’est pas comme un robinet qui coule sans arrêt. La sortie des menstruations se fait par étapes, progressivement », souligne-t-il.
Toutes les connaissances acquises au cours des années de pratique de la FIL, Jessica Spina détaille dans le livre « Le Flux Instinctif Libre : l’Art de Se Passer de Protection Periodique », un guide pour adopter la technique. « Je transmets cette découverte qui, pour moi, a été une véritable révolution intérieure. C’est une sorte de libération de certaines croyances selon lesquelles une femme ne peut pas contrôler son corps. En fait, il s’agit simplement pour les femmes de se connaître, d’étudier et d’avoir le contrôle de leur corps », dit-elle.
Bien que la FIL ne soit pas encore adoptée par un grand nombre de femmes en France, elle est devenue populaire grâce aux réseaux sociaux. La YouTubeuse Claire a raconté son expérience de remplacement des tampons par un flux instinctif gratuit sur sa chaîne Bicar & Co.
Dans une interview à RFI, elle confie que la technique a été acquise il y a un an et, petit à petit, au fur et à mesure qu’elle a appris à comprendre comment fonctionnait le flux menstruel. Pour elle, il s’agit d’être à l’écoute de son propre corps.
« FIL est quelque chose que j’ai appris au fil du temps. Il faut plusieurs cycles pour s’adapter et reconnaître les signaux que le corps nous envoie pour savoir quand aller aux toilettes. C’est pourquoi nous l’appelons « instinctif », car nous apprenons à identifier quand il est temps d’éliminer les menstruations », dit-il.
L’expérience, selon elle, est vécue différemment par chaque femme. « Certains sauront qu’il est temps d’aller aux toilettes avec des maux d’estomac ; d’autres ressentent une sorte de pression dans l’utérus. Par exemple, je n’ai aucun signe, mais je sais quand mes règles diminuent : parfois je me réveille la nuit parce que je sais que je dois aller aux toilettes pour éliminer mon flux », dit-elle.
La thérapeute corporelle féminine Apolline Compagnon, créatrice du site La Gazette Bio, estime que la maîtrise de la FIL passe par une formation. « La motivation des femmes jouera un rôle essentiel, ainsi qu’un tonique périnéal. Je pense que la pratique du yoga peut aussi aider à ressentir le corps en profondeur, à être plus à l’aise avec les sensations », évalue-t-il.
Selon le spécialiste, il y a deux grands avantages à adopter la technique : économique, pour ne plus acheter d’absorbants, et écologique, pour éviter de jeter le matériau utilisé, qui est rarement recyclable. En moyenne, une femme utilise une dizaine de serviettes jetables à chaque cycle menstruel ; entre 10 000 et 15 000 de la puberté à la ménopause.
Apolline Compagnon rappelle toutefois que les femmes peuvent opter pour d’autres méthodes, plus écologiques : comme les absorbants lavables, les culottes absorbantes (réutilisables) ou le gobelet collecteur. Le principal problème pour le thérapeute est la possibilité que la femme puisse dominer son organisme.
« FIL est une méthode naturelle car elle n’a pas besoin de ‘matériel externe’. Ce qu’une femme devrait se demander, c’est si elle veut contrôler ses menstruations, alors qu’elle devrait déjà avoir un immense contrôle sur sa vie quotidienne. Rien ne l’empêche d’utiliser différentes méthodes : FIL quand elle est à la maison [ou mesmo à noite] et absorbants ou la coupelle collectrice en partant », recommande-t-il.
Au Brésil, la FIL est connue sous le nom de saignement libre. Selon la naturologue Ana Arruda, spécialisée en gynécologie naturelle, la méthode n’est pas nouvelle, mais elle est de plus en plus populaire parmi les femmes brésiliennes ces derniers temps.
Ana Arruda est également partisane de la méthode qui, pour elle, va au-delà des enjeux économiques et écologiques. « Il y a des moments, pendant les règles, où je n’ai pas envie de porter quoi que ce soit, pas même une culotte absorbante ou un chiffon absorbant. Nous voulons cette liberté de fluidité, car nous avons passé de nombreuses années à maîtriser notre féminité, nos menstruations et nos corps. J’ai ressenti ce besoin de laisser couler le sang. »
Bien que la médecine traditionnelle soit sceptique quant à la méthode, Ana Arruda estime qu’il existe de nombreux avantages dans les techniques naturelles pour éliminer les menstruations, telles que la connaissance du corps et l’appréciation de l’intuition féminine. « Je sens que cette méthode, parmi d’autres pratiques de gynécologie naturelle, nous ramène à ce contact plus interne et plus profond, avec nos viscères, utérus et utérus. En plus de cette expérience de se contrôler, ce qui est quelque chose de tout à fait possible et que nous avons perdu », confie-t-elle.
Le naturologue ne pense pas que les saignements libres puissent être nocifs, comme le prétendent certains gynécologues. « L’idée du saignement libre n’est pas de maintenir l’utérus en contraction pour toujours, mais d’avoir plus d’influence sur cette musculature, ce qui va même aider à renforcer la région pelvienne, et qui peut même aider la femme lors de l’accouchement ou avoir des relations sexuelles plus agréables. . L’objectif est d’avoir un contact avec ces mouvements de contraction et d’expansion de l’utérus et, quand vous le jugez nécessaire, de faire une pause, d’aller aux toilettes et d’éliminer ce sang », souligne-t-il.
La thérapeute française Apolline Compagnon rappelle également que toute femme peut vivre l’expérience FIL : « quel que soit son âge, il n’y a pas d’obstacle ». Mais, selon elle, il faut prendre en compte le quotidien de chacun. « J’imagine que cela ne devrait pas être pratique pour un chirurgien en pleine opération ou un chauffeur de taxi… », réfléchit-il.
Mais, pour le spécialiste, il n’y a pas de doute : la FIL ou saignement libre n’est pas seulement une technique pour éliminer les menstruations, mais une manière de célébrer et d’assumer une facette de la féminité. « Avant, on parlait moins du flux menstruel car il était tabou, pour ne pas dire « sale », masquant le côté naturel de ce phénomène. Aujourd’hui, c’est une façon de s’affirmer en tant que femme.
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