Violence de genre sur Internet : qu’est-ce que c’est et comment la défendre
/
Par Mariane Mansuido | 11/10/2020
Le Brésil est l’un des pays avec la plus forte concentration de cas de violence à l’égard des femmes au monde, et ces statistiques ne se limitent pas au monde physique : avec la croissance exponentielle de l’accès à Internet, l’environnement virtuel est devenu un autre espace où les femmes sont victimes de violence de genre.
Les données de l’ONG SaferNet, entité nationale de référence en matière de lutte contre les crimes et violations des droits de l’Homme sur internet, montrent que les cybercrimes de violence à l’égard des femmes ont le plus augmenté entre 2017 et 2018, avec une augmentation de 1 600 %. Les plaintes sont passées de 961 cas en 2017 à 16 717 000 en 2018.
Même s’il s’agit de crimes commis dans l’environnement virtuel, les conséquences pour les victimes peuvent être dévastatrices et vont bien au-delà de l’atteinte à leur vie privée, de la sexualité exposée et du harcèlement des réseaux. Il y a des cas au Brésil où de tels crimes ont conduit les victimes au suicide.
cybercrimes contre les femmes
- vengeance porno: c’est le cas le plus courant et consiste en la diffusion d’images intimes sur des sites Internet et des réseaux sociaux — qu’il s’agisse de vidéo ou de photo avec des scènes intimes, de la nudité, des rapports sexuels — sans le consentement de la victime. Dans la plupart des cas, l’ex-conjoint est responsable. L’agresseur peut l’utiliser à des fins de chantage émotionnel ou financier, et même si le contenu a été consenti par un ex-partenaire dans le passé, sa publication sur n’importe quel espace Web constitue une violation ;
- Sextorsion : c’est la menace de diffuser des images intimes pour forcer quelqu’un à faire quelque chose, que ce soit par vengeance, humiliation ou extorsion financière. C’est un crime qui peut se produire de différentes manières, par exemple lorsqu’une personne prétend avoir en sa possession un contenu intime pour le menacer ; collection de valeurs après une conversation sexuelle avec exposition mutuelle; pirater des comptes et des appareils pour voler du contenu intime, entre autres moyens ;
- Viol virtuel : c’est lorsque l’agresseur, par la violence psychologique, menace et fait chanter la victime, pour avoir un certain contenu intime et, par conséquent, exige des faveurs sexuelles via des moyens virtuels, comme contraindre la femme à se déshabiller lors d’un appel vidéo, par exemple ;
- harcèlement en ligne (traque) : c’est une forme de violence psychologique dans laquelle l’agresseur fait que la victime se sente harcelée ou effrayée, envahissant sa vie privée en envoyant des messages indésirables sur les réseaux sociaux, exposant des faits et des rumeurs sur la victime sur Internet, entre autres. Ce n’est pas encore défini comme un crime dans la législation brésilienne – un projet de loi au Congrès national discute de la criminalisation du sujet -, pendant ce temps, les femmes victimes de persécution en ligne ont trouvé des outils dans la loi Maria da Penha pour assurer leur sécurité, tels que la protection les mesures.
Comment demander de l’aide
De nombreuses victimes ont encore peur de dénoncer et souffrent en silence, que ce soit par honte de s’exposer, par certitude de l’impunité des agresseurs ou par méconnaissance de ces types de cybercriminalité. La législation brésilienne est de plus en plus mise à jour pour englober cette nouvelle réalité induite par Internet. De nombreux crimes sont déjà prévus et typifiés, et les agresseurs peuvent être punis pour leurs actes.
La première étape pour une femme victime d’un cybercrime est de déposer un rapport de police, en rassemblant autant de preuves que possible, telles que des captures d’écran et des messages. Si la victime a une relation quelconque avec l’agresseur, il est nécessaire de rechercher une Police Spécialisée dans l’Aide aux Femmes. Ils peuvent également se rendre dans les commissariats ordinaires ou spécialisés dans la cybercriminalité pour les signaler.
La législation brésilienne a fait un grand pas vers la justice pour les victimes avec la loi fédérale 12.737/12, mieux connue sous le nom de loi Carolina Dieckmann, qui criminalise l’invasion d’appareils électroniques pour obtenir des données privées, ce qui implique de la pornographie non autorisée. La peine va de six mois à deux ans de prison.
Le Marco Civil da Internet, de 2014, assure la protection des dossiers, des données personnelles et des communications privées. De cette façon, il accélère le processus de suppression d’images ou de vidéos intimes, divulguées de manière inappropriée sur Internet.
Plus récemment, la loi fédérale 13 718/18, connue sous le nom de loi sur les intrusions sexuelles, a également apporté des changements dans ce domaine. Avec un amendement à la loi Maria da Penha, la divulgation non autorisée de contenu avec des scènes de nu ou des actes sexuels intimes et privés est devenue un crime. La peine va d’un à cinq ans de prison.
N’oubliez pas de partager l’article avec vos amis !